Holi est une grande fête hindouiste remontant à la période védique(1) qui est essentiellement célébrée au nord de l’Inde, au Pakistan, au Népal et par toute la diaspora indienne en Asie et en Occident. Elle célèbre l’arrivée du printemps et le triomphe du bien contre le mal. L’édition 2025 est prévue le 14 mars.

 

Le déroulement des festivités

Elles commencent le soir de pleine lune du mois de Phâlguna, entre la fin février et la mi-mars dans le calendrier hindou. Elles se poursuivent toute la journée du lendemain.

Le premier soir – connu comme Holika Dahan –, on se rassemble autour d’un grand feu de joie pour célébrer la victoire du bien sur le mal.

On se réunit ensuite en famille ou entre amis pour partager un verre de l’incontournable thandai – boisson traditionnelle à base de lait, d’amandes et d’épices. Des plats sont spécialement préparés pour l’occasion comme le très apprécié papri chaat composé de gaufrettes croustillantes servies avec des pois chiches, des pommes de terre et un accompagnement de tamarin, de chutney et de yaourt. On déguste aussi le dahi-vada, boulettes à base de lentilles, de farine de pois chiches ou de pommes de terre avec une sauce au yaourt et aux épices. Pour la touche sucrée, les gujiya – beignets en forme de chaussons fourrés d’un mélange de khoya sucré (fromage frais), de fruits secs et de cardamone – font partie des favoris.

Le lendemain – pour Rangwali Holi –, les gens envahissent les rues en se pourchassant pour se barbouiller les uns les autres de pigments colorés. C’est une joyeuse bataille de couleurs où voisins et passants jouent à s’asperger de peintures multicolores à l’aide de pistolets et de ballons à eau en s’excusant en hindi : "Bura na mano, holi hai!" (Ne soyez pas fâché, c’est Holi !)

Les légendes hindoues à l'origine de la tradition

Dans toute l’Inde, Holika Dahan tire son origine de la légende de Prahlad et Hiranyakashipu. Son nom fait référence à Holika, la sœur du démon hindou Hiranyakashipu. Ce dernier était extrêmement tyrannique et chacun le craignait. À sa grande colère, il découvrit que son fils Prahlad continuait à vénérer le dieu Vishnou. La sœur de Hiranyakashipu était douée d’un pouvoir la protégeant du feu. Il la chargea donc d’attirer Prahlad au milieu d’une fournaise pour le tuer. Mais le stratagème échoua. Prahlad fut sauvé et la démone périt brûlée. Depuis, la fête de Holika Dahan – littéralement "la crémation d’Holika" met en scène la mort de la démone et la victoire métaphorique du bien contre le mal.

Rangwali Holi est en revanche observée de manière différente selon les régions.

Dans le nord de l’Inde, la tradition est dédiée à Krishna.

Illustration de Radha et Krishna, peinture, vers 1760, Madison Avenue Gallery
Radha et Krishna, peinture, vers 1760, Madison Avenue Gallery

Selon la légende de Krishna et Radha à laquelle la fête fait directement référence, le dieu hindou qui était doté d’une carnation bleue foncée, s’éprit en effet d’une vachère (gopi) prénommée Radha qui était claire de peau. Comme il craignait que sa bien-aimée ne le rejette à cause de son apparence, il demanda conseil à sa mère, la reine Devatî qui lui suggéra de colorer le visage de Radha avec des pigments pour atténuer les différences entre eux deux, pour qu’ils ne fassent plus qu’un. Depuis, outre la fertilité, leur union symbolise le divin et la dévotion qui n’existent pas l’un sans l’autre.

Dans le sud, on célèbre Kâma, la divinité hindoue du désir amoureux qui utilise un arc et des flèches pour répandre l’amour.

La ville historique de Mathurâ située dans l’État de l’Uttar Pradesh est le lieu de naissance de Krishna et l’endroit où il aurait passé sa jeunesse avec les gopis. La ville fait l’objet de nombreux pèlerinages et la fête de Holi y est célébrée avec un enthousiasme particulier. Sur le plan artistique, Mathurâ est mondialement connue pour ses sculptures bouddhiques de grès rouge antiques.

La symbolique des couleurs

Même si elles sont aujourd’hui le plus souvent d’origine synthétique, les couleurs étaient traditionnellement préparées à base de pigments naturels – essentiellement l’indigo et le curcuma. Elles ont chacune une signification liée à leur fonction thérapeutique en médicine ayurvédique(2): le rouge représente la vie, l’amour et la fertilité; le jaune est la couleur de la joie, du feu et de la pureté; le bleu, emblème du dieu Krishna, incarne l’immortalité et le courage et le vert symbolise la vitalité et le renouveau.

Pouvant rappeler le carnaval dans les cultures occidentales, la fête de Holi est animée d’un puissant esprit fédérateur qui abolit toutes les hiérarchies sociales. Durant 24 heures, jeunes et vieux jouent ainsi à s’arroser ; femmes et hommes à s’éclabousser. Même le système des castes est provisoirement oublié dans cette fête extrêmement photogénique qu’Internet a sorti de la confidentialité du Sous-continent indien pour la rendre populaire dans le monde entier.

(1) La période de l’antiquité indienne, du 2e millénaire au VIe siècle avant J.-C., où les textes hindouistes canoniques ont été composés.

(2) Cette discipline vieille de plusieurs milliers d’années est basée sur trois qualités nommées dashas. Celle à dominante de chaleur et d’énergie correspond à Vata, la dasha naturellement associée à l’agressivité se nomme Pitta tandis que Kapha est liée à l’humidité et à la lourdeur. Les couleurs peuvent y être utilisées pour rétablir les déséquilibres entre ces trois qualités : les couleurs pastel pour Vata, le bleu et le bleu pâle pour Pitta et le rouge et le jaune pour Kapha.

Pour aller plus loin

Consultez les ressources English for Schools Des couleurs au naturel, Les mots fêtent Holi, Mais oui, c'est Holi ! et La fête des couleurs avec vos élèves.